Chapitre 4 : du marketing à l’autorité
Un storytelling efficace :
Lorànt Deutsch, c’est un storytelling parfaitement réussi le présentant comme un grand enfant (un « Peter Pan ») amoureux d’histoire victime d’affreux militants haineux. Le meilleur exemple reste l’interview très complaisante de l’acteur par une présentatrice de France Télévision (sur laquelle Métronome TV a été diffusée) dans l’émission Grand Public du 29 novembre 2012.
Nous avons aussi fait une capture audio de l’émission (et pardon pour les grésillements, la capture audio n’est pas très bonne).
Le service public n’est pas le seul faire dans l’hagiographie de l’acteur. Voyez par exemple ce journal de TF1 dans lequel Lorànt Deutsch est, pour la commentatrice, inspiré par « l’humanisme ». Rien que cela…
On le voit également intervenir dans une école du XVIIIe arrondissement. À l’initiative de qui ?
Lorànt Deutsch invité dans les écoles de Paris :
La présence de Lorànt Deutsch dans les écoles parisiennes avec le soutien de l’Académie et de la mairie de Paris comme le prouvent ces deux interventions, où étaient présents les maires d’arrondissement des IIIe et Xe arrondissements et de hauts responsables de l’Académie de Paris.
Sur les sites des écoles en question, il est bien spécifié que les élèves ont travaillé sur le livre de Lorànt Deutsch. Était-il raisonnable de mettre les élèves en présence d’un travail aussi discutable ? Le rôle de l’EN était-elle de participer à la promotion d’un livre douteux, comme le prouve la présence d’une journaliste de Métro et du Parisien.
Cet accueil très complaisant par certains responsables de l’Education nationale n’a pas empêché Lorànt Deutsch de déclarer à Télé Obs le 13 décembre 2011 : « J’ai été contacté par l’Éducation nationale mais nos positions sont irréconciliables. Elle est en train de transformer l’Histoire de France en croisière Costa. On nous parle du royaume du Ghana pour montrer qu’on est dans une sorte d’internationalisme triomphant. » prenant en cela position dans la controverse très droitière sur l’enseignement de l’histoire dont Dimitri Casali et consorts se sont fait une spécialité depuis la rentrée 2010 (voir chapitre VI et le dossier consacré à la question sur l’excellent site aggiornamento.hypotheses.org).
Le soutien des politiques :
Si Lorànt Deutsch a pu faire autorité, c’est qu’il a été soutenu par des politiques, y compris de gauche. Tout d’abord par Robert Hue, qui n’a pas tarit d’éloge à son sujet sur la chaîne Public Sénat le 18 décembre 2009 en expliquant que Lorànt Deutsch fait preuve d’une « pointure historique réelle ».
Vient ensuite le tweet d’Anne Hidalgo au moment de la diffusion de Métronome TV, le 6 avril 2012 (le dernier, tout en bas de la capture d’écran).
Pourquoi une élue de la République se transforme-t-elle en VRP d’un mauvais livre ? Absence de réflexion quant à ce que doit être une histoire sérieuse ? Le seul élu à s’être sérieusement posé la question reste Alexis Corbière, qui a demandé instamment en juillet 2012 que la mairie de Paris ne se fasse plus le relais des oeuvres de M. Deutsch comme on peut le constater sur cette page prise sur le site paris.fr.
La réaction le 10 juillet 2012 de Bruno Julliard, délégué à la culture de Bertrand Delanoë, pour qui « il n’y a pas de quoi fouetter un chat », tout en affirmant que le livre « n’avait pas vocation à servir de manuel d’histoire. » Certes, mais il a été étudié par des élèves de Paris sans que la mairie n’y trouve rien à redire.
À peine Bruno Julliard affirmait que la polémique autour du livre de Lorànt Deutsch était un « peu excessive », voilà que l’extrême-droite, le même jour, monte au créneau pour soutenir Lorànt Deutsch.