Chapitre 5 : la vieille garde
LE RETOUR DE JACQUES BAINVILLE
Ce journaliste de l’Action française, mort en 1936, proche de Maurras, connait actuellement une seconde jeunesse. Ses oeuvres « historiques » sont notamment rééditées par des éditeurs ayant pignons sur rue et promues par Jean Sévillia, Franz-Olivier Giesbert mais aussi par l’historien Christophe Dickès qui propose une analyse pour le moins édulcorée du personnage1.
C’est le Figaro Histoire qui a assuré la meilleure promotion du journaliste antisémite en faisant de lui l’égal d’historiens reconnus comme Ernest Lavisse et surtout Marc Bloch, que la publication de Serge Dassault n’hésite pas à mettre en parallèle sur une même page, ce qui a entraîné la réaction indignée de Suzette Bloch, petite-fille de l’historien, dans une tribune parue dans Libération en novembre 2012 et cosignée par de nombreux historiens.
Auparavant, le parallèle avait déjà été fait par Max Gallo, dans son livre L’Âme de la France : Une histoire de la Nation des origines à nos jours, (Fayard, 2007), dans lequel il aligne dans un même suite un citation de Bloch et de Bainville (p. 9).
SACHA GUITRY, OU L’HISTOIRE AVEUGLE
Pour tout ce qui concerne le rapport entre Sacha Guitry et le roman national, voir cet article sur le blog Fovéa du site Culture visuelle (avec, entre autres, des extraits vidéos).
Voici aussi l’extrait de Si Versailles m’était conté (1954) dont nous parlons dans Les Historiens de garde. On y voit Bourvil raconter sa version de l’histoire en se couvrant les yeux. Un bel exemple d’histoire aveugle que Sacha Guitry, réalisateur et scénariste de Si Versaille… assumait totalement (voir l’introduction des Historiens de garde disponible en ligne).
LE PARC NAPOLÉONLAND
Ce projet lancé par Yves Jégo, le maire (UDI) de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) mérite que l’on s’y intéresse. Il est l’application concrète du nouveau roman national, qui change l’histoire en une vaste opération de commerce d’image d’Epinal. Avec Napoléonland, il ne s’agira pas de comprendre les ressorts de l’époque impériale, ni même de donner le point de vue du civil, du simple soldat, mais de vendre de la légende napoléonienne porteuse, selon M. Jégo, des valeurs « celles de la Révolution et de la République. » (ce qui un raccourci un peu léger).
On peut se demander s’il convient bien de sacrifier 230 hectares de terres arables et de dépenser 250 millions d’euros pour un projet privé soutenu par les descendants Bonaparte. Le département de Seine-et-Marne compte pourtant un patrimoine riche qui aurait bien besoin de soutien financier.
- Christophe Dickès passe très rapidement sur l’admiration que portait Bainville à Mussolini. Le même M. Dickès est par ailleurs un homme proche des milieux catholiques ultra. Il est ainsi annoncé aux Premières Assises de la Résistance chrétienne aux côtés de Bernard Antony, membre pendant plus de 20 ans du FN. ↩
One comment